dimanche 23 novembre 2014

Cogito ergo sum (partition de musique)

Le calme
Avant la tempête
Après la tempête
d'avant le calme

                   - À la brunante.


La chaleur fraîche

                  - de ta peau.


L'horizon

                  - de tes yeux


assoupis.


Le parfum

                  - de tes frissons sous la brise de mer.


Telle barque ballottant à quai
à même la berceuse des vaguettes

Les flots tranquilles
en spires carressent les rocs
Lorsque de concert avec la lune
monte piano la marée

Du bassin de ta baie
Isse une sirène aphrodite.

Du fond des eaux douces salées
Poséidon en colère s'enflamme

Susse-je, pensasse-je jamais que
simple mortel,
moi je n'ai point droit à toi.
Mais désir.
Mais désir!
Ô combien!
Et comment!

ergo je dis :

Belle,
largue mes amarres!

navigue-moi.

Et jà, au large,
Le vent se levant
subito
La foudre!
s'abat
sur nos ébats
naissants

J'allume!
Ton feu de Saint-Elme.
En toi jaillit
la Vague
dont rêvait tant
le surfeur en moi

souffle mon souffle
haletant
de plus en plus
en plus puissamment
sur tes blanches voiles
déployées!

Nous voici
allegro
des poissons
volants!

Plus rien n'est calme
Plus rien n'est calme!
La tempête tropicale!
Le tsunami!
(Loco)
Le délirium des plaques tectoniques!
Les animaux marins en émoi!


- L'éclatement de Tout!

Les océans
en orbite
rejoignent le soleil!
une force grandiose les y aspirent!
les particules
s'évaporent dans le soleil!
Fortissimo, nous explosons!!!!

Un nouveau
Big 
Bang!!!

Ainsi toi et moi
Nous
(tutti)
précédâmes
Tout.
...

L'horizon atteint,
je m'en approche encore un peu plus,
- je t'aime.

Je t'étreins en decrescendo - je veux te murmurer
à l'oreille quelque parole
rassurante;

puisse-t-elle calmer la tempête.

écoute bien,
surtout rappelle-toi bien
la vérité
de ces mots-lumière,
je dis, point d'orgue :

"Cogito ergo sum".











vendredi 17 octobre 2014

Voir rien | La cécité

Bien entendu,

On voit rien.
On voit rien que ce qu'on croit voir.

Voir rien

Voire rien


Untel a dit
"Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois."
- Pourtant, ça n'a rien à voir...

Plutôt il faudrait lire. Voyons.
Lire
"À mort!"

"À mort les borgnes-rois!"

"- Pour une république des non-voyants!",

car
Anophtalmes,
nous le sommes
tous.

- Personne voit.

Personne voit
Personne.

Voir
n'est que poudre aux yeux.

Or, sans qu'on ne voie trop pourquoi,
Les sages se lamentent :
"L'amour rend aveugle."

Voir!..

Amoureux-pas-amoureux tu vois jamais fuck all.

Vas-y,
Roule-les donc,
Roule-les tes queneuils
tant qu'il te plaira...

Le monde il est invisible.


- Le monde il faut le lire.

L'œil ne saurait où donner du regard
La vue est sans sens sans
cœur et esprit sachant lire.

Thomas rétorque : "Mon œil!" - Or,

Vois-tu, bel amour
Aveugle de mon état
C'est en braille que je te lis

Tes frissons, je les touche
qui me touchent en retour
De là jaillit tout.

Tu es l'Écriture
que je décode
par palpation.

Tu me racontes
la lumière
que je ne capterais autrement.

Plus besoin de voir
à cette heure que j'ai appris à lire
à cette heure que je clairvois.

Bien entendu.



dimanche 24 août 2014

Néanplus...

Du niveau de la mer, je dirais :

Moi je n'avais pour patrie que naufrages et SOS
mais dérivant jusque dans notre amour
sauvetage de mon coeur migrant
j'ai atterri sur un continent
et découvert le klondike
- c'était ta chevelure dorée -
j'ai pris pays en toi
tu m'as obtenu
statut de réfugié
_____
Du niveau des gratte-ciel, je dirais :

Les femmes
celles qui ne sont pas toi
ne seront jamais à mes yeux
que femmes... or,

toi tu es surfemme
la surfemme

tellement que si Nietzsche eût eu l'heur de te rencontrer
il eût tôt proclamé accomplie
la Plénitude des temps
au lieu d'errer
en s'acharnant ennuyeusement
par-delà bien et mal
à gifler l'homme et le réel
à coups de raison désespérée
_____
Du niveau du ciel, je dirais :

Vie, je t'aime si absolument...

D'un amour à rendre jaloux tous les bons dieux
et tous les pauvres diables rouges d'envie
si toutefois ces personnages étaient vrais
pendant qu'en ce bas-monde, seul notre amour l'est

ce haut-monde
désormais.

lundi 30 juin 2014

... Vive toi!..

"... Si jamais il ne s'ouvrait pas [demain], sache que je t'apprécie beaucoup.

Mais bon, semble-t-il qu'il y a plus de risques de crever en traversant la rue qu'en sautant en parachute, alors...

Mais puisque ça me donne un bon prétexte pour te dire que je t'apprécie beaucoup... 

C'est peut-être même un euphémisme. 

Mais après tout il vaut mieux parfois euphémiser et s'autocensurer, surtout quand c'est l'adrénaline et autres hormones passagères qui te drive..."
_____
"... En tout cas, je me permets de te le dire, c'est plus fort que moi : tu es très jolie, même si tu n'as guère besoin ni de bénédiction ni d'ailleurs de celle de quiconque pour l'être et le savoir, conformément à la pensée féministe..."
_____
"... J'adore la poésie... parce que c'est de la musique, aussi. Et comme j'adore la musique, j'adore la poésie... Et la poésie peut exprimer ce que la musique a de la difficulté à exprimer très précisément. Parce que la musique se moque du langage parlé pour verser dans le langage des sons... Avec la poésie, on peut exprimer avec la langue : la liberté. Genre..."
_____
"... Je t'écris pour te dire que je t'aime.

... Quel puissant texte [de Miron]!.."
_____
"... Check ça, juste pour tes bleus yeux..."
_____
"... J'avoue qu'il m'arrive d'éprouver un certain béguin pour ta personne, à la vue de tes photos par exemple et à l'ouïe de tes paroles. Mais bon, ainsi va la vie... Mais je ne veux pas te rendre mal à l'aise. Allez, bonne journée. "
_____
"... Je n'oublie pas pour le café... c'est juste que j'suis un peu trop dans le jus (le café?) ces temps-ci ;)..."
_____
"... Hé! Tu fais quoi demain?

- Absolument rien.

Mais c'est faux! tu vas prendre un thé avec moi, je crois bien..."
_____
"... Tu es belle avec ma tuque Henri... Tu es belle sans, aussi..."
_____
"... Ah là là... Je dois t'avouer, très chère, que je me sens un peu comme si on m'avait soudainement installé au cœur une sorte de système d'aération, qui désormais y laisse entrer de l'air frais; et puis là, à force de bouffées d'air, j'hyperventile de ravissement, tu comprends. C'est drôle comme l'air est un élément à la fois léger et puissant. En tout cas, bla bla bla" [- du vent, des paroles]...
_____
"... Ciao beauté elfique habitante..."
_____
"... Bonjour espèce de créature angélique!.."
_____
"... Je t'aime en tà et en titi..."
_____
"... Vive toi!.."

mercredi 23 avril 2014

L'oie et le serpent



volage créature vole           lovelace la fille d’Ève,
    lâche créature vole    lové l’hydre de sept Vices,
    ange démon frivole   sieur charnel de ma vie,
agente de vol   cieux dont avis si
à jupons fols  yeux faits ravis
 Achtung! voi-  zieutent que
je...    ... je la
vole. love.

mardi 22 avril 2014

Horoscopie satanique

LUNDI

Lionne

Mais! Notre belle lionne paraît échevelée! Il y a eu tempête dans la brousse! Le grand week-end vous aurait-il décoiffée?! Allez! Ne perdez pas votre temps! Il faut vous ressaisir! Refaites votre mise en plis, affirmez-vous! Travail : n'hésitez pas à mêler besogne et plaisir pour que la semaine soit agréable! Toutefois, méfiez-vous donc un peu de vous-même! La Lune en débilité réserve des surprises mais pas celles que vous aimez nécessairement déballer! Aux études?! Climat de rapidité mais vous rejoignez les deux bouts grâce à votre grande ingéniosité! Peut-être aurez-vous à rassembler les pièces d'un casse-tête? Surtout, ne vous laissez pas intimider! Soyez forte! Vous y arriverez grâce à vos idées géniales et grâce à vos grandes habiletés manuelles! L'amour?! Cupidon se repose pour l'instant mais n'a pas dit son dernier mot pour le reste de la semaine!!!

Scorpion

Note du jour : 8,6746/10! Chocolat! On dirait que Jeannot lapin vous tient encore par le bras et que le week-end n'est pas terminé! Vous semblez toujours sur le rythme du plaisir et cette condition vous va à ravir! Et quel moral! Par votre entrain, vous motivez tout le monde autour de vous! Bravo! Comme qui dirait : il en faut des gens "dangereusement en forme" comme vous pour stimuler les autres, surtout après trois jours de congés!!! Aux études?! Vous réussissez tout et bénéficiez d'un large courant ascendant : à vous d'agir dès ce mardi! Vous faites des jaloux! Eh oui, c'est comme cela quand tout va pour le mieux! Alors, il faut en profiter, entendu?! L'amour?! Ici, c'est le calme plat! Mais patience! Patience!!!



MARDI

Lionne

Changement d'humeur subit! Autant votre sourire disparaissait dans la brume du matin que vous le retrouvez vif et on ne peut plus charmant! Vous semblez prendre les choses du bon côté et criez à tue-tête un peu partout votre extase débordante! C'est l'ivresse de la réussite qui vous gagne! Bravo! Vous devenez dangereusement en forme! Ainsi, le goût de la chasse est-il revenu! Il vous prend des envies de dévorer tout cru! Plus rien ne vous arrête! Reine de la jungle, vous écrasez tout sous vos lourdes mais si vigoureuses pattes! Votre joie de vivre est à son paroxysme lorsque vous sentez combien votre entourage commence à se dire bouleversé par vos comportements si singuliers! Attention, votre euphorie pourrait les heurter! Voyez comme ils ont déjà commencé à s'affoler! Mais vous n'avez plus à vous remettre en question! Sachez que vous maîtrisez ce monde! Que plus personne maintenant ne peut vous arrêter! Côté amour, fiez-vous simplement à vos instincts primitifs!!!

Scorpion

Vous semblez souffrir de fatigue et de douleur! Le moins qu'on puisse dire, c'est que ce n'est pas votre journée! Tout aurait-il basculé?! Le nouveau cycle lunaire n'a pas renouvelé l'exaltation personnelle et professionnelle qui hier encore paraissait si porteuse! Vous en êtes à sombrer pas à pas dans un gouffre d'angoisse! Appelez à l'aide avant qu'il ne soit trop tard, même si vous êtes conscient que l'aide ne viendra pas, personne ne vous adressant la parole, désormais! Vous êtes au désespoir! Vous vous sentez comme un déchet! Continuez! Argent : vous perdez d'immenses sommes! Les services de voyance sont chers! Et vous savez bien qu'il serait vain de tenter de vous reprendre! Développez plutôt vos habiletés manuelles!! Des gens veulent votre peau! Le pays partira bientôt en guerre! Amour?! De grâce, auriez-vous oublié que vous êtes lavé financièrement!



MERCREDI


Lionne

Note du jour : 10/10! Votre enthousiasme ne cesse de croître dans la démesure! Vous multipliez les proies, ayant fait aujourd'hui votre vingt-et-unième victime! Pour l'occasion, vos plus proches amis ont pu déguster vos meilleurs plats! En passant dans la rue, vous vous êtes imaginé une balle rebondissant sur toutes les surfaces possibles, puis avez fixé du regard un homme de petite taille! Vous avez souri à plusieurs reprises et vous vous apprêtez à célébrer! Vous avez célébré! Vos voisins ont aussi ressenti l'intensité de votre humeur! Surtout, ne lâchez pas prise! Un suicide est si vite arrivé! Vos grands airs semblent impressionner votre partenaire sur qui vous avez consolidé votre emprise!!! Assassinez-le pendant qu'il est encore temps!

Scorpion

Vous devenez violent même si vos comportements paraissent doux de l'extérieur! Vous ne pouvez vous empêcher de cracher votre venin sur certaines personnes! Cela arrive! Dévorez-les ensuite! Amour : ayant pris au mot Oliver Sacks, vous prenez votre femme pour un chapeau! Revisitant vos principes, vous vous dites qu'il serait mieux d'en finir, d'aller plutôt promener votre animal! La dépression est profonde mais ne vous en souciez pas! Le temps arrangera les choses! Si vous prévoyez assassiner votre conjointe ce week-end, ne faites pas croire au suicide! Amour?! Vous semblez vous en sortir mais une soirée en tête-à-tête, dans le contexte, pimenterait vos rapports!

Par Satan, astrologue (collaboration spéciale)

lundi 21 avril 2014

Par-dessus la tête

RUBRIQUE A

Extrait du Livre de l'Intranquillité (dans : "Œuvres de Fernando Pessoa", Christian Bourgois Éditeur,1992, p.165) :

"Nous autres, nous ne pouvons aimer, mon petit. L'amour est la plus charnelle des illusions. Écoute : aimer, c'est posséder. Et que possède-t-on quand on aime? Un corps? Pour le posséder, il faudrait s'approprier sa matière, le manger, l'inclure en nous... Et cette impossibilité même serait temporaire, parce que notre corps passe et se transforme, et que nous ne possédons pas notre propre corps, mais seulement la sensation que nous en avons; et parce qu'une fois possédé ce corps que nous aimons, il deviendrait nous-mêmes, il cesserait d'être un autre, et que l'amour, avec la disparition de l'autre-étant, disparaîtrait à son tour.

Alors, possédons-nous l'âme? - Écoute-moi en silence. Non, nous ne la possédons pas. Notre âme elle-même ne nous appartient pas. D'ailleurs, comment posséder une âme? Entre une âme et une âme, subsiste ce gouffre : qu'elles soient des âmes. 

Que possédons-nous donc, en fin de compte? Qu'est-ce qui nous pousse à aimer? La beauté? Et la possédons-nous en aimant? La possession la plus féroce, la plus dominatrice, que possède-t-elle d'un corps? Ni ce corps, ni son âme, ni même sa beauté. La possession d'un corps gracieux ne peut étreindre la beauté, elle n'étreint qu'une chair cellulaire et grasse; le baiser ne touche pas la beauté d'une bouche, mais la chair humide de lèvres aux muqueuses périssables; le coït même est un simple contact, un frottement rapproché, mais non pas une réelle pénétration, pas même d'un corps par un autre corps. Que possédons-nous alors, oui, que possédons-nous?

Nos sensations, peut-être? L'amour est-il, du moins, un moyen de nous posséder nous-mêmes, par le canal de nos sensations? Est-il au moins une façon de rêver plus fortement, donc plus glorieusement, notre rêve d'exister? Et du moins, une fois éteinte la sensation, il nous en resterait pour toujours le souvenir, et c'est ainsi que nous possèderions réellement...

Détrompons-nous, une fois encore. Même nos sensations, nous ne les possédons pas. Non, ne dis rien. Le souvenir, à tout prendre, est la sensation du passé. Et toute sensation est une illusion...

- Écoute-moi, écoute-moi encore. Écoute-moi sans regarder, par la fenêtre ouverte, l'autre rive du fleuve, toute plate, et le crépuscule coupé, dans le lointain, par le sifflement d'un train. - Écoute-moi en silence...

Nous ne possédons pas nos propres sensations. Nous ne pouvons nous posséder à travers elles.

(Telle une urne penchée, le crépuscule verse sur nous une huile (...) où, pétales de roses épars, paresseusement flottent les heures.)

Je ne possède pas mon propre corps : comment, grâce à lui, pourrais-je posséder? Je ne possède pas mon âme : comment pourrais-je posséder grâce à elle? Je ne comprends pas mon propre esprit : comment, grâce à lui, pourrais-je comprendre?

Nos sensations passent : comment, dès lors, les posséder? Et moins encore ce qu'elles nous désignent. Peut-on posséder le fleuve qui coule, et à qui donc appartient le vent qui passe?

Nous ne possédons ni un corps, ni une vérité - pas même une illusion. Nous sommes des fantômes de mensonges, des ombres d'illusions, et ma vie est aussi vaine au-dehors qu'au-dedans.

Qui donc connaît les frontières de son âme au point de pouvoir dire : je suis moi-même?

Mais je sais que ce que j'éprouve, c'est moi qui l'éprouve.

Quand un autre possède ce corps, possède-t-il dans ce corps la même chose que moi? Il en possède une sensation autre.

Possédons-nous quoi que ce soit? Si nous ne savons ce que nous sommes, comment saurions-nous ce que nous possédons?"

_____

RUBRIQUE B

AFFIDAVIT D'ÉLECTROCUTION

Je, soussigné, affirme solennellement ce qui suit :

1.- Je suis le requérant et je suis personnellement au courant de tous les faits allégués dans la présente requête; 

2.- Le 16 nivôse 2014 au soir, un coup de foudre m'a poigné qui depuis ne cesse de faire faire à mon corps des freegames et puis des palpitations cardiaques, tel qu'il appert du rapport des enquêteurs de la police de l'amour, pièce P-1;

3.- Normalement il n'y a pas d'orage électrique l'hiver, tel qu'il appert du rapport météorologique, pièce P-2;

4.- Malgré que j'étais sous l'effet survoltant de l'éclair, j'ai réussi à constater que le courant me liant maintenant à la défenderesse fut capturé puis transformé abusivement en ligne haute-tension;

5.- Le ou vers le 23 nivôse, ladite ligne haute-tension, par la faute de la défenderesse, vint à être alimentée en permanence par toutes les forces hydromotrices de la vie, de ma vie, du pays qui de ce flot naîtra et de l'amour-torrent dont je suis captif;

6.- La défenderesse me cause un préjudice irréparable en ce que je ne suis plus libre de ne pas être électrisé par elle;

7.- Les dommages moraux (traumas) sont si profonds que j'ai développé un syndrôme qu'en date de la présente, les experts n'arrivent toujours pas à saisir malgré l'avancement de la recherche scientifique : malgré elle, et malgré moi, et ce malgré nous, et malgré Tout, il appert du rapport médical produit sous la cote P-3, que j'aime la défenderesse;

8.- En date de ce jour, je suis encore sous le choc, d'où la présente déposition qui démontre l'urgence de la situation et commande de procéder par injonction provisoire et permanente visant à ce que l'atteinte se perpétue;

9.- Tous les faits allégués dans la requête à laquelle le présent affidavit est joint sont vrais à ma connaissance personnelle. 

EN FOI DE QUOI J'AI SIGNÉ À MONTRÉAL CE 2 FLORÉAL 2014
_____

RUBRIQUE C

PIÈCE P-1

Rapport des enquêteurs de la police de l'amour

"Le dividu étais troubler à cause qu'il a eu une décharge.
On a essayer de calmer monsieur à l'aide d'un appareil taser mais sans succès, il était plus agité encore.
Il s'est mis à nous réciter des choses incomprenables reproduites en annexes."
Constable Christian Pépin, police de l'amour
Montréal, 5 janvier 2014.

Annexe

"Il y a des nécessités intérieures qui échappent à cette vision (nihiliste), elles sont d'une autre nature, plus intimes et plus mystérieuses, irrationnelles (...) Et, à ce propos, je donne toujours comme exemple : on peut douter absolument de tout, s'affirmer comme un nihiliste, et pourtant tomber amoureux comme le plus grand des idiots (...) On souffre, on rit de ses souffrances, on fait ce qu'on veut, mais cette contradiction fondamentale est peut-être finalement ce qui fait que la vie vaut encore la peine d'être vécue (...)" - Emil Cioran

Crusse-je que je l'aime, cela serait parfaitement illusoire. 

L'aimer, je ne saurais. L'aimer, je ne le peux. 

Car l'amour n'est autre chose qu'une élucubration métaphysique. On ne peut aimer autrui, car sitôt on pense l'avoir saisi, sitôt il nous échappe. 

On n'aime jamais que ses propres sensations ou les idées qu'on se fait du monde. On est seul avec soi-même, borné à l'expérience sensible qu'on tire de notre existence ici-bas. L'amour se ressent peut-être mais en tout cas ne se partage guère ni ne se déploie au-delà de notre enveloppe corporelle. On ne saurait le faire correspondre d'une personne à l'autre. Croyant ressentir de l'affection pour untel, on ne fait vraiment que s'aimer soi, dans ce qui se révèle comme la manifestation ultime du narcissisme propre au genre humain. 

Comme le reste, l'impression d'aimer n'est qu'une construction du cerveau et de la conscience en complicité avec l'appareil nerveux. Quant au concept d'amour tel qu'on l'entend généralement, il est façonné par la société moderne; cela est même relativement récent. Résultat de millions d'années d'évolution passées à se reproduire dans le but de reconduire indéfiniment l'insignifiance de notre présence en ce monde insignifiant, l'amour constitue simplement la sophistication naturelle de nos instincts et réflexes primaires. 

N'en déplaise à Jésus, à Roméo, à ma mère et à toi ô femme que "j'aime", l'amour est, à tous égards, une illusion.

Mais alors, comment diable se peut-il que j'aime quand même? Car oui, je l'aime, cela est extraordinairement patent et évident. Ma foi, c'est même serré dans mes culottes. Et comment se peut-il que, quoique les ayant dites de ma propre bouche, au fond je me balance bien des paroles qui précèdent? 

Il faut croire de toute évidence que "l'amour aveugle"...

À bien y penser, la réponse tient peut-être en ceci : il est en ce monde, des choses mystérieuses.

Si l'amour est une illusion, alors cette illusion est une illusion puissante, irréductible et irréductiblement entêtée. L'illusion d'aimer, comme l'illusion d'être libre ou d'exister proprement, échappe à l'emprise de la raison humaine.

L'amour est vraisemblable.

Il faut dire tout d'abord que l'exercice de la raison lui-même mène à une illusion. En se proclamant sujet pensant, on fait comme si on s'abstrayait du monde. La dialectique rationaliste sépare le monde en deux : le moi pensant et le monde par lui pensé. Or, sauf si l'on est solipsiste, sceptique en tout et pour tout ou encore relativiste orthodoxe, le moi constitue forcément un produit du monde, - d'un monde inconnu et impossible à connaître in se. On fait partie d'un tout : le monde. On est ce monde, ce tout, en partie. Il y a donc aussi des choses inconnaissables chez soi-même, des choses qu'on fait, qu'on ressent, mais qui restent et resteront toujours mystérieuses.

"Connais-toi toi-même", qu'y disait...

Les simples penseurs ne sauraient comprendre l'amour, car effectivement, l'amour ne saurait être compris par la raison, laquelle ne peut tout contrôler ni tout réformer. Et même si la raison avait raison, en ce que l'amour est une construction, et il l'est sans doute, faudrait-il pour autant renier les processus extraordinaires qui donnent lieu à cette expérience miraculeuse de la vie?

À défaut de pouvoir formuler une démonstration théorique satisfaisante de l'amour, à tout le moins peut-on mieux saisir en quoi il nous ramène au monde. L'amour est un rempart contre les illusions raisonnables et les doctrines qui tendent à faire de nous des êtres artificiels ou pire encore, des dieux, sortis de la matérialité de l'être. Parce qu'il nous emporte et nous dépasse, et parce que cela est pur et sain, ce que ne sont pas toutes les pulsions humaines, l'amour apparaît comme une opportunité de se vivre et donc de vivre le monde par-delà les normes et les schèmes. 

Ce retour à soi et au monde par le canal de l'être aimé, voilà ce qu'est l'amour. Voilà ce qu'est le miracle de l'amour.

On n'y parvient qu'en s'abandonnant sans résistance à la volupté et aux jouissances de la vie elle-même. On l'approfondit cet amour en le cultivant, c'est-à-dire en ne cessant d'y croire, d'y donner foi, fût-il "illusoire", et en développant ainsi l'art de se laisser aimer et de se laisser aimer.

Je l'aime donc.

vendredi 7 février 2014

Le gars révolté

L’impulsion de révolte sourd de l’enfouissement sous le mal et l’oppression de la dignité humaine.

Elle est la liberté qui se meut dans l’Histoire; sorte d’élan qui se ressent davantage qu’il ne se comprend et qui se révèle à la conscience de la plèbe parfois jusqu’à se manifester en une épiphanie dans le monde réel, en une force jaillissante, capable d’"intranquilliser" furieusement la polis.

Je conçois la révolte en tant qu’un phénomène politique de l'ordre de l'extraordinaire; extra vires (à contre-poil des ếthê dominants, ultimement de toute hégémonie normative et autres transfigurations du pouvoir, puisque de la nature d’un combat, d’un déchaînement, d'un vigoureux brassage de chaînes, d’une rupture, d’une volte-face). Plus encore, se révolter m'apparaît comme un processus sui generis au plan moral, du fait qu’il génère, de manière extraordinaire, son propre univers normatif, lequel entend rompre avec l’univers normatif ordinaire (et aliénant) des choses, c’est-à-dire l’ordre établi, qu’il tend justement à renverser ou du moins à troubler momentanément.

À bien des égards, la révolte dépasse, transcende, éclate, écartèle le langage de sa justification, qui au fond n’est pas son langage propre mais bien celui du système qui cherche à la réprimer. Elle se passe de justification extrinsèque. Elle se fonde par elle-même.

Elle est la vie dans son dynamisme.

Pour Camus, la révolte est essence : « La révolte […] est le mouvement même de la vie et […] on ne peut la nier sans renoncer à vivre. Son cri le plus pur, à chaque fois, fait se lever un être. Elle est donc amour et fécondité, ou elle n'est rien. » (L'Homme révolté)








Haïku de printemps anticipé

Ce soir, le printemps
pleuvote - resterait-il
quelque éclair là-haut.

Caméléon

Être, c'est être;
uncaméléondansunechambreauxmiroirs.


Auto-conatūs : l'inconjugaison

La première personne de l'impératif n'existe pas dans la conjugaison française, ni dans aucune autre langue indo-européenne.

C'est curieux quand on y songe.

Falloir

Il ne faut plus qu'il faille
Il faut qu'il ne faille plus

Force G : distance et attraction

Vie,

Amorce mielleuse mais-tout-de-même : "Quelques kilomètres nous séparent et pourtant, je me sens si près de toi."

(Onh c'est don' cute... ♫...)

"Je croirais presque entendre ton cœur battre à mon oreille!", renchéris-je,-chérie.


Je m'imagine ayant ma tête posée sur ta poitrine pendant que tu dors doucement... Mais non, ce soir, je suis chez moi et toi, chez toi, et c'est bien mon propre cœur que j'entends dans le silence de la nuit et non le tien.

[ ]


[Maismêmesij'suisdansl'champenpensant-entendre-ton-cœur-battre-alors-qu'en-réalité-nous-sommes-loin-l'un-de-l'autre-
aufondjenelesuispeut-êtrepastant,dansl'champ
vu-qu'il-arrive, comme en ce moment je crois, oui,
que nos cœurs battent à l'unisson,
battant la mesure
la pulsation de-nos-pulsions-de-nos-passions
sur le tambour de notre amour battant.]

Ainsi, entendre mon cœur, c'est un peu aussi entendre le tien en même temps.

Coudonc.

La physique nous apprend qu'il existerait présentement entre toi, qui es chez toi, et moi, qui suis chez moi, une force d'attraction d'environ 6,00E-17 Newtons. Si nous étions à un centimètre l'un de l'autre, cette force serait d'environ 0,003 N, - ce qui est considérable quand on sait que la force d'attraction entre la Terre et la Lune se situe aux environs de 7,65E28 N.

Par ailleurs, la gravité terrestre exerce sur toi une force d'environ 530 N, sur moi, d'environ 800 N. Combinés, la force de gravité qui s'exercerait sur nous est donc d'environ 1400 N.

Outre ces éléments, j'ai beau chercher d'autres lois naturelles susceptibles d'expliquer l'attachement que je te porte ainsi que les vibrations que je ressens en ce moment à l'idée de me rapprocher de toi, de t'étreindre, de me fondre en toi, mais... je n'en trouve guère.

Dans le livre "2001 L'Odyssée de l'Espace", Arthur C. Clarke écrivait : "La distance rend toute chose infiniment plus précieuse".

Voilà qui est vrai lorsqu'on pense aux étoiles, aux nébuleuses et autres supernovas... On voudrait les caresser du bout du doigt. Mais-t'sais-elles-sont-loin.

Toi tu brilles dans le ciel de mes pensées
et lorsque, telle la Lune en débilité, tu n'es plus à portée d'étreinte,
alors je m'ennuie et deviens impatient de te retrouver
à une date ultérieure du calendrier; mais cela permet au cycle
de mon amour
de se renouveler indéfiniment.

Bonnenuitàtoimanuit.

Bonne nuit à toi ma nuit.

Théorie des cordes

Sût-on tout ce qu'il y a
à savoir de cet univers aberrant,
resterait encore à s'émouvoir
de toutes ses vibrations
de toutes ses musiques
et pour chacune d'icelles
saisir tout l'éventail de nuances.

Mais à elle seule
la syntonie de nos cordes, Vie,
vibrantes
dans le janvier de tes dix-huit ans
(contrenousdelatyrannielefrettela
spumehivernaleslusheuse
sedressepeuimporte)
- Notre musique à nous deux
cosmique
cosmogonique -
me projette dans ce tout dans le Tout.

À vrai dire,
Au-dessus.

Dans le doute

Dans le doute
M'avancer
D'un "pas sûr".

Plaidoyer

Plaidoyerpourdel'espaceentrelesmots.