vendredi 7 février 2014

Le gars révolté

L’impulsion de révolte sourd de l’enfouissement sous le mal et l’oppression de la dignité humaine.

Elle est la liberté qui se meut dans l’Histoire; sorte d’élan qui se ressent davantage qu’il ne se comprend et qui se révèle à la conscience de la plèbe parfois jusqu’à se manifester en une épiphanie dans le monde réel, en une force jaillissante, capable d’"intranquilliser" furieusement la polis.

Je conçois la révolte en tant qu’un phénomène politique de l'ordre de l'extraordinaire; extra vires (à contre-poil des ếthê dominants, ultimement de toute hégémonie normative et autres transfigurations du pouvoir, puisque de la nature d’un combat, d’un déchaînement, d'un vigoureux brassage de chaînes, d’une rupture, d’une volte-face). Plus encore, se révolter m'apparaît comme un processus sui generis au plan moral, du fait qu’il génère, de manière extraordinaire, son propre univers normatif, lequel entend rompre avec l’univers normatif ordinaire (et aliénant) des choses, c’est-à-dire l’ordre établi, qu’il tend justement à renverser ou du moins à troubler momentanément.

À bien des égards, la révolte dépasse, transcende, éclate, écartèle le langage de sa justification, qui au fond n’est pas son langage propre mais bien celui du système qui cherche à la réprimer. Elle se passe de justification extrinsèque. Elle se fonde par elle-même.

Elle est la vie dans son dynamisme.

Pour Camus, la révolte est essence : « La révolte […] est le mouvement même de la vie et […] on ne peut la nier sans renoncer à vivre. Son cri le plus pur, à chaque fois, fait se lever un être. Elle est donc amour et fécondité, ou elle n'est rien. » (L'Homme révolté)








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